Cérémonie d’hommage à Jean LOUBET

Jean LOUBET

Né le 10 mai 1910 à Valence (Drôme), exécuté le 20 août 1944 à Saint-Genis-Laval (Rhône).

Éléments biographiques apportés par son fils Bernard

"• Fils de Louis LOUBET, combattant de la 1ère Guerre Mondiale.
• Il est instituteur à l’âge de 17 ans (élève-maître de l’École Normale de Valence entré en 1927).
• Il est engagé volontaire à 20 ans au 45ème bataillon du Génie (23 avril 1930).
• Il reprend ses études et il obtient à 24 ans une Capacité de droit (1934) et il effectue des séjours en Angleterre où il perfectionne son anglais ; ce qui lui servira dans la Résistance notamment lors des nombreux voyages qu’il effectue à Londres pour apporter des renseignements.
(association de mutilés, réformés, anciens combattants, anciens prisonniers, veuves, ascendants et orphelins de la Grande Guerre regroupant plus de 2000 membres dans la Drôme).
• Il quitte l’enseignement pour entrer comme rédacteur à la préfecture de la Drôme et à 29 ans, le 2 septembre 1939, alors qu’il est rédacteur principal 1ère classe,       il est rappelé par la mobilisation générale et affecté à la compagnie RADIO 156 puis 850.
À 30 ans, le 27 juillet 1940, il est démobilisé et il reçoit la Croix de guerre 1939-1945 (décoration militaire française destinée à distinguer des personnes civiles et militaires, des unités, des villes ou des institutions ayant fait l’objet d’une citation pour fait de guerre au cours de la 2nde Guerre Mondiale).
• Il aide à la formation des mouvements de Résistance « Combat », « Francs Tireurs » et « Libération ». Il dirige également la diffusion de la Presse clandestine.

• Dès 1941, il participe à la fabrication de faux-papiers. Il subtilise le tampon de la préfecture de la Drôme, et le mouvement « Libération » lui apporta des tampons de   9 départements ; la mairie de Valence lui fournit des cartes d’alimentation.
• Fin 1941, il rencontre Jean MOULIN dans la Drôme.
• Le 13 juillet 1942 au matin, avec Henri FAURE, Émile GARÇON, Pierre CHAZAL, Péraro SYLVIO et Georges CHAUVET, ils impriment et déposent avant l’aube des tracts devant des usines de Valence. C’est lui qui se charge de récupérer le papier et les stencils à la préfecture.
• En juillet 1942, il rejoint le réseau Nestlé-Andromède 26-07 (le réseau Andromède-Athénée, nom sous lequel il fut homologué le 16 novembre 1946, fonctionne de juillet 1943 à la Libération ; ce service de renseignements fut également appelé "Nestlé" (juillet 1943), "Capricorne" (Février 1944" et "Méridien" (mars 1944) et il compta environ 450 agents) sous le nom de code LEPAGE. R.C.7703-Agent P2, Forces Françaises Combattantes (F.F.C.), grade sous-lieutenant. Il rencontre à Lyon, le responsable régional du N.A.P. (Noyautage des administrations publiques) Monsieur PLAISANTIN, Alias VIALLET et crée une section dans la Drôme dont il est le chef départemental. Ainsi, il organise le N.A.P. du département dès janvier 1943 avec son cousin France BASTIAT. En septembre 1943, membre du réseau Nestlé-Andromède dirigé par Vincent BEAUME dans la Drôme, il se charge de la surveillance de Valence (indicatif 77.03). En quelques mois, il structure tout un réseau le reliant aux PTT, à la SNCF Société nationale des chemins de fer français, aux Ponts & Chaussées, à l’office du travail, à la Trésorerie, aux services agricoles, à la Police, aux services du gaz et de l’électricité et à la préfecture où il a comme adjointe Hélène SARON et Roger MARTY, régisseur départemental, Ms ROLAND, SANTONI, SEYER, et Mmes COLIN et PERRAULT. En très peu de temps, l’organisation fonctionne au mieux. En tant que chef départemental N.A.P, il fit partie du Comité départemental des Mouvements unis de Résistance (MUR) qu’il avait contribué à créer en juillet 1943 et il participe aux réunions clandestines du Comité qui coordonne les actions en fonction des renseignements récoltés par le NAP. Il participe aussi à une réunion pour faire une unité de la Résistance fin 1943 avec Ms BOUCHIER et de SAINT-PRIX.
• Fin août-début septembre 1942, suite aux informations que Marius JUNIQUE avait transmises à Henri FAURE, sur le fait que la police cherchait la machine à écrire qui avait servi pour les tracts distribués le 13 juillet 1942, il ramène de Lyon une machine à écrire portable.
• Le 11 novembre 1942, avec Ms CHAZAL, CHAUVET et Henri FAURE, ils distribuent des tracts qu’ils ont tirés appelant les ouvriers à faire grève et la population à se grouper devant les portes fermées du Parc Jouvet à Valence. Près d’un millier de Valentinois furent présents à 18h30. Personne ne fut inquiété. Il fournit des gerbes à déposer au monument de Bourg-lès-Valence à l’équipe de Paul et Roger MAISONNY.
• Son emploi à la préfecture de la Drôme facilitant les choses :
 -il remit une carte grise au nom de l’administration des Ponts et Chaussées avec autorisation de circuler jour et nuit tout à fait en règle à Henri FAURE pour le camion Renault fourni à la section des atterrissages et des parachutages (S.A.P., organisation de l’armée de l’ombre) par M. CHAMBRIER du CDM vers octobre 1943.
 -il confectionne des cartes d’identité pour la C.I.M.A.D.E. installée à Valence, et spécialisée dans les passages en Suisse.
 -il aide le groupe de Roger MAISONNY à organiser les premiers départs pour les coupes de bois dans le Nyonsais et dans les premiers camps du Vercors (C4 et C6) et aussi pour le camp des Glières.
 -il participe en outre, à quelques coups d’éclat et c’est lui même, aidé de Ms ROLLAND et SANTONI qui dérobèrent en janvier 1944 la totalité des fiches de recensement départemental concernant les jeunes gens désignés pour le S.T.O.. Les jeunes avaient trois mois de sursis.
• Le 24 février 1944, la Milice fait irruption à la préfecture. Les miliciens ne le connaissaient pas, ils s’adressèrent à M. VELLY, le chef de bureau, pour le leur désigner. Celui-ci dit à haute voix : "LOUBET n’est pas là pour le moment, attendez-le, il ne tardera pas à revenir". Entendant cela, alors qu’il compulse des dossiers, il s’enfuit en compagnie de Mme SARRON. Il se réfugie à Romans. Il revient ensuite à Lyon où il est affecté au PC du réseau Nestlé-Androméde comme chargé de mission, nom de code RAIMU.
• Le 8 août 1944, alors qu’il est en mission, il est arrêté à Lyon par un inspecteur de police valentinois milicien dont la femme avait été une camarade d’école de la sienne. Malgré les sévices endurés, il ne révèle rien qui puisse être utilisé par l’ennemi. Il est incarcéré à la prison Montluc à Lyon, cellule 64. Le 20 août, quelques jours avant la Libération, il est extrait avec 120 patriotes et résistants pour être fusillés dans une maison du Fort de Côte Lorette à Saint Genis Laval. Maison qui est incendiée et dynamitée, le massacre achevé.

Il obtiendra à titre posthume les décorations suivantes :

-par le Général de Gaulle, une citation individuelle à l’Ordre de la Division Agent des Services de Renseignements ;
-la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent ;
-une citation individuelle à l’Ordre du Corps d’Armée avec Croix de guerre, étoile de vermeil ;
-une nomination à l’ordre de Chevalier de la Légion d’honneur ;
-inscription sur le panneau de l’ONAC médaillé de la Résistance (décret du 15 juin 1946_ J.O. du 11 juillet 1946) ;
-une médaille de la Résistance à Capitaine Jean LOUBET par Vincent AURIOL, Président de la République (décret du 31 mars 1947_ J.O. du 26 juillet 1947)."

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