16 août 2023 | Commémoration du 79ème anniversaire du sabotage du pont routier Livron-Loriol

Mis à jour le 18/08/2023
La cérémonie du souvenir du 79ème anniversaire du sabotage du pont routier de Livron-Loriol aura lieu le 16 août 2023 à Allex au plateau de la Résistance.

Organisation du sabotage du pont Livron-Loriol

Avec le débarquement en Provence, les ponts de la vallée du Rhône sont d’une importance vitale pour l’approvisionnement ou une éventuelle retraite de la 19ème armée allemande du général Friedrich Wiese.

Les Alliés, qui ont débarqués en Normandie et vont faire de même en Provence, souhaitent ainsi éviter d’une part le réapprovisionnement des Allemands et d’autre part leur retraite au nord et à l’est de la France. Pour cela, les Alliés doivent détruire les ponts placés sur la Drôme et la partie sud du Rhône, afin que les Allemands soient coincés entre le Rhône à l’ouest, la Drôme au nord et les Alpes à l’est.

Le Commandant Henri Faure cherchait un endroit pour les parachutages dans la région. En 1943 il a trouvé le plateau de Soulier. Le mois précédent, au cours d’une réunion d’état-major, le commandant des FFI de la Drôme, Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès, alias « Legrand », avait demandé à l’un de ses adjoints, chef de la Section atterrissage parachutage (SAP) de Drôme-Ardèche, Henri Faure, alias « Albert » ou « Capitaine Gérard » de se préparer à faire sauter le pont en cas de besoin.

Livron est une commune située au milieu de la vallée du Rhône. En 1944, elle comptait 4300 habitants environ. Un pont massif composé de trois arches enjambait la rivière de Drôme entre Livron et Loriol-sur-Drôme. Il était situé à environ 150 mètres de la sortie du village, sur la route de Montélimar. Cette route, la Nationale 7, est à l’époque le principal axe routier dans la vallée du Rhône.

M. Edouard Chabanne de la ferme du Plateau de Soulier a assuré que sa porte serait toujours ouverte aux résistants. La ferme a servi de point de rassemblement lors des parachutages, elle a accueilli hommes et renseignements et Pierre Chabanne le fils de Edouard bien que très jeune à ce moment-là a participé activement à la résistance. C’est aussi sur la ferme qu’ont été cachés les explosifs qui ont servi à faire sauter le pont de Livron.

La nuit du 16 août : le sabotage du pont et ses conséquences

Le 15 août à minuit sur les plages du Var, le débarquement de Provence commence. De nombreux débarquements alliés détruisent la plupart des ponts du Rhône et de la Drôme. Le pont de Livron, dernier à être encore debout, est détruit le 16 août 1944 par les résistants français.

Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, un commando de la SAP, dirigé par Henri Faure, a fait sauter à l’explosif le pont de la RN 7 enjambant la rivière Drôme au sud de Livron-sur-Drôme, désorganisant la 19ème armée allemande et évitant ainsi une opération aérienne meurtrière pour les cités voisines.

Henri Faure est fait prisonnier le 22 août 1944, alors qu’il allait en voiture récupérer des armes, restées d’un parachutage au plateau de Soulier. Contraint par les Allemands de se remettre au volant de sa voiture, Jean Boyer, membre du commando, simule un ennui de moteur à l’entrée du village d’Allex : descendu du véhicule, il essaie de s’enfuir en courant vers une ruelle, mais il est abattu d’une rafale de mitraillette avant d’avoir pu atteindre un abri.

Le 17 août, l’armée allemande se replie, est contrainte de livrer bataille. Les véhicules s’amoncellent entre Livron et Montélimar. Coincés entre le Rhône, les Alpes et la Drôme, ils doivent affronter les 5000 hommes de la Task Force Butler et 2000 maquisards, appuyés par une forte aviation. Les combats dans le secteur dureront jusqu’au 28 août. C’est la bataille de la vallée du Rhône ou bataille de Montélimar.

Le 14 août 1996, lors des cérémonies du 50ème anniversaire de la Libération, le pont a été rebaptisé « Pont Commando Henri Faure ».

Témoignage de Henri Faure

« Je n'ai pas la prétention, dans les lignes qui vont suivre, de faire l'apologie de la Résistance, ni d'écrire son histoire. D'autres l'ont fait avant moi, avec plus ou moins d'exactitude, parfois hélas à travers des récits fantaisistes. Cependant il me semble que le sujet constitue encore une sorte d'énigme pour beaucoup de Français et particulièrement pour les générations de l'après-guerre. C'est pourquoi je me résous, après quarante années de silence à apporter le témoignage de ma propre expérience, en espérant qu'il contribuera à faire mieux comprendre les motivations qui animèrent ces hommes et ces femmes anonymes que l'on a appelé depuis "les soldats de l'ombre" et qui, pour beaucoup d'entre eux, ont fait de la Résistance comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Pourquoi suis-je devenu un Résistant ? Un terroriste ? Ma réponse est simple : je ne pouvais accepter l'idée que ma patrie fut envahie et mise en esclavage par l'Allemagne avec la complicité de certains Français. L'abolition de la République m'était insupportable. Les personnes qui lisent des livres sur la Résistance Française, qui nous regardent lorsque nous défilons et que nous nous recueillons devant nos monuments commémoratifs, n'imaginent pas comme nous étions jeunes à l'époque elles ne savent pas non plus que sans la jeunesse des années quarante, il n'y aurait pas eu de Résistance. Quand on a de vingt à quarante ans on ne se résigne pas, on n'abandonne pas la patrie sans essayer de sortir de l'abîme. »

Etais-je un terroriste ?, Henri Faure, 1985