21 février 2024 : 80ème anniversaire à la mémoire du groupe Manouchian, mort pour la France le 21 février 1944 au Mont Valérien

Mis à jour le 13/03/2024

Affaiblie démographiquement par la Première Guerre mondiale, la France recourt massivement à la main-d’œuvre étrangère. Compensant un manque de structures d’accueil, les nouveaux arrivants se fédèrent dans le cadre du mouvement syndical communiste et donne naissance à la MOE, Main-d’œuvre étrangère, qui deviendra MOI, Main-d’œuvre immigrée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'organisation donne naissance à un groupe qui lance des actions de résistance : les Francs-tireurs et Partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI).

Le plus célèbre de ses membres est Missak Manouchian.

Missak Manouchian

Né en 1906 en Turquie, il est marqué par les atrocités du génocide arménien. Arrivé en France en 1925, il apprend le métier de menuisier, fonde deux revues littéraires, puis adhère en 1934 au parti communiste. En août 1943, il prend la direction militaire des FTP de la MOI parisienne, sous le commandement de Joseph Epstein. Cette figure est entrée dans la mémoire des Français par la poésie et la chanson. Louis Aragon et Léo Ferré ont sublimé sa dernière lettre, rédigée à quelques heures du peloton d'exécution depuis la prison de Fresnes, à Mélinée, son épouse. Ces deux orphelins survivants du génocide des Arméniens de 1915 s’étaient rencontrés à Paris et avaient rejoint la lutte contre l’occupant nazi.

Le groupe résistant Manouchian

Constitué ainsi d'immigrés italiens, polonais, espagnols ou encore arméniens, le "groupe Manouchian" effectue de nombreuses actions coups de poings contre le régime de Vichy. Parmi celles-ci, le réseau de résistance s'est notamment illustré en parvenant à abattre, le 28 septembre 1943, le SS Standartenführer Julius Ritter, responsable de la mobilisation de la main-d'oeuvre du Service de Travail Obligatoire en France. Un des membres du groupe responsable de l'attentat, Marcel Rayman, était alors filé par la police française depuis plus de deux mois. Ils parvinrent ainsi à arrêter 23 des membres du "groupe Manouchian" en novembre 1943.
Le 21 février 1944, ils sont condamnés à mort puis fusillés au fort du Mont-Valérien à l'exception de la seule femme de ce mouvement de résistance, Olga Bancic. Elle est guillotinée quelques mois plus tard, conformément au manuel du droit criminel de la Wehrmacht qui interdit alors de fusiller les femmes.

Les représentants du régime nazi placardent sur les murs de Paris et de Lyon, l’Affiche rouge, outil d’une propagande qui stigmatise la présence d'étrangers et de Juifs parmi la Résistance française. Censée justifier les exécutions, elle n'aura pas l'effet escompté : elle devient un emblème de la Résistance et les membres du "groupe Manouchian" sont vus en martyrs.

Arsène Tchakarian, mort le 4 août 2018 à l'âge de 101 ans, était le dernier membre encore en vie de ce mouvement de résistance : « Je n’ai jamais tué d’Allemands. J’ai tué des nazis. » Dans ses propos, il est très clair. Les résistants du groupe Manouchian n’ont pas combattu l’Allemagne, ils ont combattu le fascisme et les nazis.

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80 ans après son exécution au Mont Valérien et celle de ses camarades de l’Affiche Rouge à l’issue d’une traque sans merci, Missak Manouchian entrera au Panthéon avec son épouse Mélinée ce 21 février 2024. Leur entrée inclue symboliquement celle de leurs 22 camarades de combat : Celestino Alfonso, Olga Bancic, Ferenz Wolf dit Joseph Boczor/Boscov, Georges Cloarec, Rino Primo Della Negra, Thomas Elek, Moska dit Maurice Fingercwaig, Spartaco Mario Fontanot, Jonas Geduldig dit Michel Martinuk, Emeric Glasz, Lejb/Léon Goldberg, Szlomo/Szlama (Salomon) Grzywacz, Stanislas Kubacki, Arpen Lavitian/Tavitian, Cesare Luccarini, Amedeo Usseglio Polatera, Marcel Rayman/Rajman, Roger Rouxel, Antoine Salvadori, Salomon Wolf Schapiro (Schapira/Szapiro) dit Willy, Wolf Wajsbrot, Robert Witchitz.
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Pour aller plus loin:

L'INA éclaire l'actu : L'histoire de Missak Manouchian, l'Arménien symbole des Résistants étrangers en France

- Sur Lumni enseignement : Dans le cadre de l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian le 21 février 2024, il est présenté une mini-série intitulée « Manouchian et les héros de l'Affiche rouge ». Une production en quatre épisodes qui propose une immersion dans l'histoire du groupe emblématique de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.

- Musée de la résistance : Missak Manouchian au Panthéon / 21, 24 et 25 février 2024 – Journées portes ouvertes

- Chaîne officielle "SGArmées" du Secrétariat général pour l’administration du ministère des Armées françaises : film, réalisé par l'ECPAD pour la direction de la mémoire, de la culture et des archives du ministère des Armées, propose des éclairages historiques par Denis Peschanski et la voix de Philippe Torreton, illustrés par des archives et infographies. Durant la Seconde Guerre mondiale, la résistance au nazisme fut l’œuvre d’hommes et de femmes de toutes origines sociales mais aussi de toutes nationalités. Découvrez l'itinéraire de Missak Manouchian et des activités de son groupe de Francs tireurs et partisans de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) durant la Seconde Guerre mondiale.