Le risque nucléaire

Mis à jour le 05/12/2023
Le risque nucléaire

Qu’est-ce que le risque nucléaire ?

Les activités nucléaires sont définies par le code de la santé publique comme « les activités comportant un risque d’exposition des personnes aux rayonnements ionisants lié à la mise en œuvre soit d’une source artificielle, qu’il s’agisse de substances ou de dispositifs, soit d’une source naturelle, qu’il s’agisse de substances radioactives naturelles ou de matériaux contenant des radionucléides naturels… ». Ces activités nucléaires incluent celles qui sont menées dans les installations nucléaires de base (INB) et dans le cadre du transport des substances radioactives, ainsi que dans les domaines médical, vétérinaire, industriel et de recherche.

Les activités nucléaires sont exercées de façon à prévenir les accidents, mais aussi à en limiter les conséquences. Malgré toutes les précautions prises, un accident ne peut jamais être exclu et il convient de prévoir, tester et réviser régulièrement les dispositions nécessaires pour faire face et gérer une situation d’urgence radiologique.

Les situations d’urgence radiologique, qui découlent d’un incident ou d’un accident risquant d’entraîner une émission de substances radioactives ou un niveau de radioactivité susceptibles de porter atteinte à la santé publique, incluent ainsi :
• les situations d’urgence survenant sur une installation nucléaire de base (INB) ;
• les accidents de transport de substances radioactives ;
• les situations d’urgence survenant dans le domaine du nucléaire de proximité.
Les situations d’urgence affectant des activités nucléaires peuvent également présenter des risques non radiologiques, tels que l’incendie, l’explosion ou le rejet de substances toxiques.

Quels sont les risques pour la population ?

Les rayonnements ionisants sont définis comme étant capables de produire directement ou indirectement des ions lors de leur passage à travers la matière. Les rayonnements ionisants interagissent avec les molécules constitutives des cellules de la matière vivante et sont susceptibles de les affecter. Parmi les lésions potentiellement créées, les plus importantes concernent l’ADN des cellules ; elles ne sont pas fondamentalement différentes de celles provoquées par certaines substances chimiques toxiques, exogènes ou endogènes (résultant du métabolisme cellulaire).

Lorsqu’elles ne sont pas réparées par les cellules elles-mêmes, ces lésions peuvent conduire à la mort cellulaire et à l’apparition d’effets biologiques néfastes, dès lors que le tissu ne peut plus assurer ses fonctions : ce sont les effets déterministes. Parmi ces effets, citons par exemple l’érythème, la radiodermite, la radionécrose et la cataracte. Les effets sont d’autant plus graves que la dose de rayonnements reçue par le tissu est elle-même importante.

Les cellules peuvent aussi réparer, mais de façon imparfaite ou erronée, les lésions ainsi provoquées. Parmi les lésions qui subsistent, celles de l’ADN revêtent un caractère particulier car des anomalies résiduelles d’ordre génétique peuvent être transmises par divisions cellulaires successives à de nouvelles cellules. Une seule mutation génétique est loin d’être suffisante pour la transformation en cellule cancéreuse mais cette lésion due aux rayonnements ionisants peut constituer une première étape vers la cancérisation.

Le risque de cancer radio-induit apparaît pour différents niveaux d’exposition et n’est pas lié à un dépassement de seuil. Il se manifeste par un accroissement de la probabilité de cancer pour une population d’âge et de sexe donnés. On parle alors d’effets probabilistes, stochastiques ou aléatoires.

En cas d’accident majeur, les risques sont de deux ordres :
le risque d’exposition radiologique :
Il y a exposition lorsqu’un objet ou un individu est soumis à des rayonnements émis par une source extérieure, en l’occurrence une source radioactive. L’exposition cesse dès lors que la source est éloignée ou mise en sécurité.
le risque de contamination :
La contamination suppose un dépôt de substances radioactives sur les vêtements ou le corps d’un individu, par exemple les poussières radioactives dans l’air respiré (nuage) ou dans le sol (aliments frais, objets…). La contamination conduit à l’exposition de l’organisme jusqu’à ce que les substances soient éliminées, par décontamination ou par élimination naturelle par l’organisme.

Les conséquences pour l’individu dépendant, entre autres, de la dose absorbée (durée d’exposition, proximité de la source). On se protège de l’irradiation par des écrans (plomb, métal) ou en s’éloignant de la contamination, par le confinement et les restrictions de consommation des aliments contaminés.

Des seuils de décision sont prévus pour aider les pouvoirs publics dans leur prise de décision en cas d’accident majeur conduisant à des rejets dans l’environnement.

Quels sont les risques pour le département ?

Le département est concerné par quatre sites nucléaires, implantés dans le département ou à proximité :

le site du Tricastin :
Le site du Tricastin représente la plus importante concentration industrielle nucléaire et chimique en France. Une partie du site est installée dans la Drôme sur les communes de Pierrelatte et Saint-Paul-trois-Châteaux, l’autre partie dans le Vaucluse. À côté du Centre Nucléaire de Production d’Électricité (CNPE) exploité par EDF Électricité de France, se trouvent rassemblées un certain nombre d’installations dont la vocation essentielle est la partie amont du cycle du combustible nucléaire, c’est-à-dire l’enrichissement de l’uranium et la fabrication d’éléments combustibles.
Le CNPE du Tricastin comprend 4 réacteurs à eau pressurisée de 900 MW.

 la site FRAMATOME à Romans :
FRAMATOME Romans exploite une usine de fabrication de combustibles nucléaires pour les réacteurs de recherche et une unité de fabrication de combustibles nucléaires destinés aux réacteurs à eau pressurisée.

le CNPE de Cruas-Meysse :
Situé sur les communes ardéchoises de Cruas et de Meysse, en rive droite du Rhône, la centrale fournit 40 % des besoins en électricité de la région Rhône-Alpes. Elle comprend 4 réacteurs à eau pressurisée de 900 MW.

le CNPE de Saint Alban/Saint Maurice ;
Situé sur les communes iséroises de Saint Alban du Rhône et Saint Maurice l’Exil, sur la rive gauche du Rhône, la centrale fournit environ 30 % des besoins en électricité de la région Rhône-Alpes. Elle comprend 2 réacteurs à eau pressurisée de 1 300 MW.

Les risques chimiques associés au risque nucléaire

Certains sites exposés au risque nucléaire présentent également des risques chimiques dont la cinétique d’accident peut être très rapide. C’est le cas des installations du site du Tricastin et d’AREVA NP à Romans-sur-Isère.

L'échelle INES : Depuis avril 1994, a été mise en place au niveau international une échelle dénommée Echelle Internationale des Evénements Nucléaires (INES) : cette échelle relative au degré de gravité des incidents et des accidents comporte 7 niveaux croissants de gravité. La pyramide ci-contre indique, pour chaque niveau d'événements, l'appellation conventionnelle et les caractéristiques qui peuvent conduire à un tel classement.

Les communes concernées par le risque nucléaire

L’une des principales décisions prises suite à l’accident nucléaire majeur de Fukushima en 2011 Suite à la circulaire du ministère de l’intérieur du 3 octobre 2016, détaillant les mesures relatives à l’évolution de la doctrine nationale concernant l’élaboration des Plans Particuliers d’Interventions (PPI) autour des CNPE) les périmètres d’application de ces PPI Plan particulier d'intervention passent de 10 à 20 km.

Le Contrôle des installations nucléaires

  • Une réglementation très stricte

Le fonctionnement des installations nucléaires fait l’objet d’une réglementation très stricte surveillée en permanence par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui assure, avec l’appui de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), le contrôle des installations nucléaires et la surveillance de la radioactivité en France. La création, la modification substantielle, ou le démantèlement d’une installation nucléaire sont soumis à une enquête publique.

Par ailleurs, les installations nucléaires intéressant la défense nationale sont suivies par une autorité de sûreté spéciale : la Délégation à la Sûreté Nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense (DSND).

La réglementation des installations nucléaire impose notamment aux centrales et aux installations nucléaires :
• Une étude d’impact afin de réduire au maximum les nuisances causées par le fonctionnement de l’installation ;
• Un rapport de sûreté où l’industriel identifie de façon précise tous les accidents pouvant survenir dans son établissement et leurs conséquences. Cette étude conduit à prendre les mesures de prévention et de protection nécessaires (enceinte de confinement, séparation des circuits de refroidissement, filtres à sable…) et à identifier les risques résiduels.

  • Une formation initiale et continue du personnel à la sûreté nucléaire et à la sécurité
  • Une surveillance permanente des rejets

Des stations de prélèvements atmosphériques et de mesure continue des rayonnements ambiants sont implantées à la limite du site et à l’extérieur dans les communes environnantes.
Ce contrôle permanent est exercé par les exploitants avec une surveillance continue de l’ASN et de l’IRSN, lequel dispose par ailleurs de ses propres balises de mesures de la radioactivité dans l’environnement.
Des prélèvements périodiques d’eau (rivière, lac, nappe phréatique, précipitations), de végétaux et de lait sont également réalisés pour contrôle de la radioactivité et des échantillons de contrôle, pour analyses contradictoires, sont de plus adressés à l’IRSN.

  • L’élaboration de Plans

Les Plans d’Urgence Interne (PUI) élaborés et rédigés par l’exploitant pour chaque installation qu’il exploite : ils définissent les réactions à avoir, pendant et après l’accident, pour protéger les travailleurs, les populations et l’environnement proche et pour remettre rapidement les installations dans un état de sûreté satisfaisant.

- Le Plan Départemental de Réponse à un Accident Nucléaire ou Radiologique Majeur : élaboré par la préfète, il étend les phases d’urgence et post-accidentelle à l’ensemble du département, permettant ainsi de délivrer une information uniforme à toutes les communes drômoises.

Les Plans Particuliers d’Intervention (PPI) élaborés par la préfète, concernent l’organisation des secours, en cas d’accident grave dont les conséquences débordent ou risquent de déborder vers l’extérieur de l’établissement.
Des exercices sont menés pour améliorer l’efficacité des PPI Plan particulier d'intervention.

  • L’information de la population

Des plaquettes d’information préventive, élaborées par les exploitants en liaison avec la préfecture et la DREAL direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement, sont distribuées aux populations situées dans le rayon défini par le PPI Plan particulier d'intervention et accessibles sur le site Les Bons Reflexes.

  • La distribution de comprimés d’iode

Des comprimés d’iode stable dosés à 65 mg sont disponibles en pharmacie, pour les personnes résidant en zone PPI Plan particulier d'intervention d’un CNPE. Ces comprimés ne sont à absorber que sur ordre des autorités, après la survenue d’un accident nucléaire, leur action permet de saturer en iode la glande thyroïde afin de diminuer les risques de cancer.
La dernière campagne de distribution de comprimés d’iode de 2019 pour les habitants des communes situées dans un rayon de 10 à 20 kilomètres autour des CNPE.
Par ailleurs, l’organisation d’une distribution de comprimés d’iode à l’ensemble de la population est prévue par les plans ORSEC départementaux de gestion de la distribution d’iode. Cette distribution, au contraire de la distribution autour des centrales nucléaires, n’interviendrait qu’à la suite d’un accident nucléaire majeur et non de façon préventive.

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